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La vie en Suède

Bonjour mademoiselle

Récemment, je parle toujours des mêmes choses. Le froid. La nuit. Ce que je mets dans mon estomac. Ce que mes neurones se mettent dans la tête. Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui je vais essayer de ne pas en parler. Même si c’est tentant, c’est à la longue assez lassant.

Le climat de ma chambre est d’un calme majestueux; presque oppressant. Le soir, quand vous fermez les yeux, votre cerveau reprend chaque petite information, la questionne, la jauge, et la place dans une case de votre mémoire, au fond, bien rangée. C’est en quelque sorte un tri pour y voir plus claire. Juste avant de s’écrouler dans le sommeil, c’est à cet instant que votre ouïe est la plus réceptive. Dans cette pénombre calme et aveugle, chaque son devient visible, prend un caractère, et se rattache à une histoire. Une larme d’eau frappe à intervalles réguliers contre la vitre, et ce bruit aussi infime soit-il, envahit la pièce et prend corps uniquement dans cet instant. La casserole qui tombe avec fracas non loin de là, raconte l’histoire de ce garçon ou de cette fille, qui après sa dure journée n’a plus toute son énergie et où sa maladresse l’emporte.

Chambre étudiante au Campus Lappis

Bien que les suédoises offrent à mes yeux l’apport journalier recommandé de capital beauté, j’avais besoin ce jour là de crever le plafond en me rendant au musée de la photo, le Fotografiska. Seul dans cette aventure, je parcourrai le chemin artistique de Pieter Hugo, Paolo Roversi et d’Inta Ruka. Pieter Hugo jongle au travers des ses clichés, entre la vie et la mort, la richesse et la pauvreté, la maladie et la santé, l’ordre et le désordre. Chaque fois en ayant un penchant plus prononcé du coté sombre de ces versants. Photographe visiblement engagé et se voulant certainement dénonciateur, nos impressions jouent sur plusieurs tableaux, partagées entre surprise, dégoût ou étonnement.

Photo de Pieter Hugo

Paolo Roversi nous apporte un élan de jeunesse, de candeur et de beauté moderne retranscrits dans les courbes des mannequins de ces dernières années. Sa matière première n’est autre que le corps féminin sur lequel il pose son regard et sa lumière d’une façon sensible mais appuyée. Sensible par la pureté et l’innocence perçues, qui émanent de ces êtres éternellement jeunes et beaux. Appuyée, car derrière ces planches (et comme devrait l’être toute bonne photographie) notre esprit se raconte une histoire, nous décrit un fantasme, et nous balance la tête au milieu de ces beautés qui minaudant avec l’irréel.
On la voit, au loin; la plus connue. Comme un appel perpétuel à la chair, elle rend folle de jalousie nos sœurs et excitent nos frères. Natalia Vodianova, égérie pour Etam, s’est laissée prendre par le photographe dans une série remarquable. Son regard peut être interprété et ressenti de mille façons, chacun y verra son fantasme ou sa lubie. Provocateur, innocent, aguicheur, c’est selon vous.

Natalia Vodianova par Paolo Roversi

La tête encore percutée par cette iconographie, je me rends à la dernière hauteur du bâtiment. Dans ce petit sommet siège un endroit fort confortable, chargé de boiseries, d’orange des années 60, et d’un blanc reposant. Je ne tarde pas à me poser sur ces divans d’un relaxant presque berçant, et englouti sans nulle attente ces viennoiseries venus d’ici, parfumées à la cannelle.

Bistro Fotografiska

Viennoiserie suédoise

Les yeux eurent été ravis de cette sortie. Pour ce qui est du goût, passez faire un tour du coté de Östermalmstorg, pénétrez au sein du Saluhall, et découvrez un lieu de chair, de couleurs, de gastronomie et de bien manger. Ces halles chics, même sans achats restent un délice parfait pour se mettre en appétit. Qu’avons nous à faire d’autre ?

Dernièrement, j’ai redécouvert la puissance de l’attractivité du français à l’étranger. Semblable à la fantasmagorie que nourrie le français pour la suédoise, un simple bonjour mademoiselle prononcé les yeux dans les yeux, explose la dilatation des pupilles de celle que vous convoitez. Ce n’est pas de la triche, c’est comme chacun le sait, un jeu de dupe ou personne ne s’avoue charmé avant de succomber, et où le mensonge fait office de dialogue avant que les défenses ne tombent et que la chair ne fonde.

Ces jours ci, les flocons sont encore dans le congélateur du monsieur tout là-haut, qu’ils y restent, le plus longtemps possible !

En bref,

  • J’ai rencontré ma dose de beautés hebdomadaire au musée de la photo.
  • Le sol de ma chambre perd quelques degrés.
  • La langue française fait encore ses preuves aujourd’hui.
  • On ne finit jamais de connaitre Stockholm, c’est un endroit qui contient plein d’endroits.

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3 réponses sur « Bonjour mademoiselle »

Excellent !

Juste un détail d’orthographe qui nuit à la qualité de l’écrit, et entraîne une confusion à deux reprises: « la chaire » :

Une chaire universitaire est une place dont le titulaire est un professeur dans une université pour l’enseignement d’une discipline faisant l’objet d’un cours, ayant spécialement pour but de promouvoir la discipline qu’elle concerne.

Je comprends que le milieu dans lequel tu évolues te fasse inconsciemment penser à celle ci, alors que consciemment et tout aussi naturellement, tu penses à « la chair » qui, quoique féminin au deux sens du terme dans ton propos, ne prend pas de e …

Bises de ton Papa à nouveau mari officiellement
Grand bonjour des Charrat qui ont regretté de ne pas te voir.

Enfin, je suis connectée! Pas de post ce w end?Ici nous avons déjà des guirlandes dans le sapin du jardin, Avent oblige et les premiers commentaires réjouis des voisins
Merci pour tes élucubrations littéro philosophiques.
bises

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